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Des rencontres déterminantes

A l’origine de mon installation, il y a la rencontre avec mon maitre Jean LINARD en 1983, un être exceptionnel de liberté et d’amour ; un poète de la vie et de la création, toujours en mouvement et heureux de créer son monde ; doué d’une grande ouverture d’esprit et d’un humour incisif. Un homme de foi.

A mon arrivée à Neuvy-Deux-Clochers, je ne connais pas beaucoup de ce matériau qui m’a choisie. Mais je découvre dans ce lieu, tout ce qui germait inconsciemment depuis toujours au fond de moi :

Le désir de vivre dans un endroit serein et silencieux, tout prêt de la nature.

Je découvre la nécessité de faire le vide, de lâcher-prise, de laisser de coté mes vieilles croyances pour laisser parler mes mains ou mon cœur, ce qui revient au même !

Et j’ouvre les yeux sur l’importance du sacré qui donne une autre dimension à la démarche.

Nos échanges sur tout ce qui touche à la culture, sa jubilation à vivre tout simplement sa vie en accord parfait avec ses rêves, les lectures auprès du poêle, les petites phrases tellement poétiques qui lui venaient souvent et ses mains comme des oiseaux qui s’envolent quand il travaillait, tout cela m’a porté et me porte encore à suivre ses traces.

Cette rencontre a donné du sens à ma vie, de l’intensité. La terre est devenue pour moi une nécessité, je savais intimement que le futur était tout tracé, un monde s’ouvrait devant moi et je devenais libre de vivre mon destin.

Jean a quitté la terre un jour de janvier 2010, j’ai perdu un fervent défenseur mais je sais que de là haut il vient parfois me faire de petites visites à l’atelier.

Deuxième rencontre décisive, celle de frère Daniel de MONTMOLLIN en 1986 qui, avec toute sa gentillesse et sa patience m’a aidé à comprendre le calcul des émaux. Très nulle en math et chimie, la lecture de ses écrits sur la question me donnait l’impression d’être devant un mur infranchissable. Mais je savais pourtant que je devais être capable d’élaborer mes émaux moi-même et j’ai découvert la joie de calculer et de voir évoluer les essais mis au four.

Ses explications, sa foi, son charisme ont ouvert en moi un chemin de compréhension.

Celle des émaux tout d’abord, puisque depuis je travaille avec les cendres des vignes environnantes ;

Celle de la vie face au spirituel. Tout ce que vit Daniel est relié à sa foi ; Sa douceur, sa simplicité m’ont apporté de la quiétude quand montaient mes angoisses.

Deux mondes en extrême relation avec leur création et leur créateur…J’en ai gardé une ouverture pour toutes les quêtes de l’homme sur terre, qu’elles aient pour nom religion, philosophies, pensées, elles nous emportent toutes vers un sommet que nous tentons d’atteindre en humanité… pour un monde meilleur.

Ces deux êtres m’ont donné la confiance, le sens de ma vie sur terre, mon implication dans ce monde, l’importance de ce que je peux apporter aux autres, au travers de mon travail ; La certitude d’avoir un rôle à assumer, la détermination pour suivre un chemin pas vraiment facile mais toujours réjouissant.